Au cœur des Balkans
Thierry

C’est à 3 que nous avons traversé la Bosnie. Yvain, un copain de Bruxelles nous a rejoint à l’endroit du wwoofing au nord de la Bosnie et nous avons traversé ce magnifique pays ensemble. Une fois arrivé en Albanie, nos chemins se sont séparés. Yvain est rentré une semaine en Belgique et avec Antoine on sentais que c’était mieux pour tous les deux de vivre une partie de notre aventure chacun de notre côté pour mieux se retrouver par après.

La Bosnie était très agréable à traverser mais mon dieu qu’est ce qu’il faisait chaud ! Le soleil tape fort dans ce coin du monde en cette période, surtout quand il n’y a pas de nuages. Comme toujours on s’adapte, on s’abrite du soleil quand la chaleur devient trop insupportable pour faire du vélo et on attends que ça passe.

Nous avons également traversé les montagnes vertes du Monténégro ensemble. Quels paysages incroyables ! Mais c’est en Albanie que mon cœur a été conquis. C’est certeinement le pays le mois occidental que j’ai traversé. J’ai pu y voir une pauvreté s’approchant de la misère juste à côté d’une richesse comparable à celle de chez nous. C’est assez troublant. Surtout quand j’apprends qu’il y a du pétrole un peu partout dans le pays. Et juste à côté : des bidonvilles. Et une quantité complètement folle de car-wash (Lavazh en langue locale). Allez comprendre pourquoi.

C’est en cherchant un endroit un peu reculé dans un champ de pétrole (celui de Gorisht-Kocul, à l’est de Vlorë) que j’ai fait une des rencontres les plus marquantes de cette aventure en Albanie. C’est au moment où je débale ma tente pour m’installer qu’un gars sort de ce que je pensais être une ruine en gueulant. Je crois d’abord qu’il ne veut pas que je passe la nuit là et je recommence à replier mes affaires. Quand j’ai été le voir pour lui demander si c’était ok si je m’installais là, il m’a invité chez lui.

Derrière un portail qui tenait à peine avec quelques misérables bouts de boits et un peu de fil de fer se trouvait le terrain qu’il appelait chez lui. Sa maison: trois murs en béton à moitié détruits, le toit inexistant et remplacé par une bache. La porte était une bête planche en bois qui servait juste à empècher les chients érants de rentrer dans sa ruine.

La communication n’était pas évidente. Sans internet et aucune langue en commun, toute communication passe par des signes. Même les hochements de tête sont inversés dans ce pays. Pour dire « oui » il tournait la tête horizontalement comme on le ferait pour dire « non » en Europe occidentale. Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre ça.

Malgré le fait qu’il n’ai rien à part un lit, une pile de vêtements et une seule ampoule branchée à l’arrache dans une rallonge qui allait prendre l’électricité aux pylones qui passait pas loin, il m’a acceuilli bras ouvert, invité à passer la nuit dans un nid qu’il a construit avec des branches et des couvertures dans un arbre. Son voisin fermier − qui devait avoir seulement une ou deux vaches − est passé le soir apporter une bouteille de lait caillé, un peu de beurre et deux tranches de fromage. Ils m’ont tout donné, malgré mon insistance à partager.

Quelques jours plus tard je rencontre un autre cyclovoyageur Suisse avec qui j’ai roulé pendant deux jours. Nous avons passé la frontière de la Grèce ensemble avant que nos chemins se séparrent. Avant ça nous avons été visiter un lieu assez touristique du nom de l’œil bleu (Syri I kalter). Jamais vu une eau aussi pure, aussi bleue. Comme on y étais le premier mai, c’était la fête sur place et j’en ai profité pour danser quelques danses folkloriques avec des Albanais.

Et pour terminer ces deux semaines en solo, je suis passé voir les gorges de Vikos en Grèce. Pas été déçu du tout non plus. Je voulais prendre le temps de faire un peu de randonnée pour changer du vélo. Je suis donc monté à plus de 2000m pour aller voir Drakólimni, « le lac du dragon ». La montagne étant ce qu’elle est (et ma présence ayant certainement réveillé le dragon endormi là bas), je me suis pris une tempête de grêle en pleine figure. C’était fun. Je me suis rendu compte à ce moment là que j’aime énormément la montagne, et les forces de la nature qu’on peux y ressentir. Comme toujours, la vue en vallait la peine :)

Dans deux jours je retrouve Antoine et le lendemain nous retrouvons Yvain pour la suite de nos aventures. Nous allons doucement entamer la remontée vers la Belgique pour y être de retour pour l’été. Même si ces deux semaines en solitaire on été fantastique, j’ai hâte d’entendre ce qu’ils ont vécus de leur côté et je suis impatient de pouvoir repartager des moments entre copains.


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